M’Hamed Issiakhem

Publié le 21 Mai 2007

M’hamed Issiakhem est né le 17 juin 1928 au douar Djenan près d’Azeffoun, en Grande Kabylie ; il passe son enfance à Relizane. En 1943, il manipule une grenade récupérée dans un camp militaire américain, qui explose ; ses deux sœurs et un neveu décèdent, lui-même est hospitalisé pendant deux ans, il est amputé du bras gauche.





    M’hamed Issiakhem a été élève de la Société des Beaux Arts d’Alger, de l’École Nationale des Beaux-Arts d’Alger, et du maître miniaturiste Omar Racim de 1947 à 1951, frère de Mohamed Racim (1896-1975), il se lie d’amitié avec l’écrivain Kateb Yacine.

Il intégrera ensuite l’École Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Paris (1953-1958). C’est à Paris qu’il réalise sa première exposition, il y retrouve son vieil ami Kateb Yacine. Les deux artistes seront inséparables. Il séjourne en RFA et en RDA et réalise en 1959 une exposition à Leipzig. Il obtient une bourse de la Casa Velazquez en 1962. C’est à cette période qu’il rentre en Algérie. Dessinateur pour le quotidien Alger Républicain jusqu’en 1964, il participe à la fondation de l’Union nationale des Arts plastiques, et aux principales expositions collectives en Algérie, ainsi qu’à de nombreuses expositions de peintre algériens en France.

Chef d’atelier à l’École nationale d’architecture et des Beaux-Arts d’Alger en 1964, il est directeur de l’École des Beaux-Arts d’Oran de 1964 à 1966. Il illustre plusieurs œuvres de Kateb Yacine. Sa première rétrospective se déroule à Alger en 1969. Il est Professeur d’art graphique à l’École Polytechnique d’Architecture et d’Urbanisme à Alger en 1971. Il reçoit une médaille d’or à la Foire internationale d’Alger en 1973. En 1980, lui est décerné le premier Simba d’Or (Lion d’or de l’Unesco pour les Arts Africains) à Rome. Il est décédé le ler décembre 1985 à Alger .

Il a réalisé de 1965 à 1982, à une exception près, tous les billets de banque et de nombreux timbres-poste algériens. Expositions personnelles à Alger en 1974, 1982, 1984, à Tunis en 1985. Nombreuses expositions collectives en Algérie et à l’étranger. Il recevra à titre posthume le diplôme de mérite de l’Algérie en Arts plastiques en 1987.

Rétrospective commémorative à Alger et expositions à Oran et Bejaïa en 1986. " Baya, Issiakhem, Khadda " au musée des Arts Africains et Océaniens de Paris en 1987 et à la Vieille Charité de Marseille en 1988. M’hamed Issiakhem a exercé une grande influence sur la peinture moderne algérienne et a contribué à l’imposer dans l’Algérie indépendante. Il est l’un des plus grands artistes algériens de notre époque. Il laissera une femme et plusieurs enfants.

source: www.afrique-du-nord.com

Homme. 1981.
Dessin à la plume, encre de Chine et couleurs sur papier 49 x 34. (Collection particulière.)

 

Kateb Yacine. 1969.
Gouache sur papier, dessin à la plume et encre de Chine 63 x 32,5. (Collection Inal.)

 

Portrait de la mère de l’artiste. 1971.
Huile sur bois 58,5 x 45. (Collection Gherab.)


 


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Œuvres graphiques d’un artiste connu
La face oubliée de M’hamed Issiakhem

Par : Hafida Ameyar / Liberté

“Issiakhem, la face oubliée de l’artiste”,  est un hommage à l’œuvre du peintre M’hamed Issiakhem rendu récemment par son ami Djaâfar Inal. Ouvrage de 120 pages, publié sous la direction de ce dernier, il comporte des travaux jusque-là méconnus de l’artiste qui ont été réalisés hors du champ “sacré” de la peinture.

Dans cette investigation autour de l’œuvre et de l’artiste, qui s’affirme dans les recherches (plus de 40 ans) de Djaâfar Inal, les textes de Nadira Laggoune et d’Aklouche, ainsi que la contribution de Boualem Hammouche, chargé du crédit photographique, on découvre un nouveau visage de M’hamed Issiakhem. On n’est plus devant la peinture expressionniste de l’artiste, si bien connue du monde des arts, mais face à une activité débordante, fournie dans la presse, dans l’édition ou ayant fait l’objet de commandes publiques.
M’hamed Issiakhem est né le 17 juin 1928 près d’Azeffoun, dans la région de Kabylie. Dans les années 1940, un événement douloureux se produit et le marquera toute sa vie : une grenade volée aux militaires américains lui explose dans les mains et lui coûtera un de ses bras, ainsi que la vie de ses deux sœurs et de son neveu. Étrangement, c’est dans cette période que s’exprime son penchant pour le dessin. Et ce talent sera alors utilisé par le jeune M’hamed pour réaliser, dès 1945, des portraits de dirigeants du mouvement national. Il étudiera par la suite, jusqu’en 1951, à la Société des beaux-arts et à l’École nationale des beaux-arts et aura d’autres occasions d’approfondir ses études, à l’étranger, notamment en matière de gravure et de peinture.
Son engagement pour l’indépendance de l’Algérie et pour les causes qui lui semblaient justes, il l’exprimera dans ses toiles, ses interventions, ses positions et des “illustrations de textes et ouvrages littéraires”. C’est le cas de la nouvelle Le malheur en danger, de l’écrivain Malek Haddad, éditée par La Nef de Paris en 1956. Lors du procès de Djamila Bouhired, en 1958, M’hamed réalise des illustrations sur la torture qui, nous dit-on, seront reproduites pour le compte de la représentation du FLN en Allemagne.
Homme de principe et rejetant les compromis, le membre de l’OCFLN (organisation civile du FLN) refusera le prix de la Croix marine, attribué en 1959 par le ministère français de la Santé, pour son travail en ergothérapie fait à une clinique. A l’Indépendance, le peintre rejoint le quotidien Alger républicain, interdit par le colonisateur et qui reparaît en juillet 1962. M’hamed sera le dessinateur humoriste, illustrant les unes du journal, des récits-témoignages, tels que Le camp et Si Salah. Il collabore également avec certaines revues (Révolution et travail, El-Djeïch, Dialogues…) et journaux (Algérie Actualité), et réalise même des illustrations aux poèmes de son ami Kateb Yacine.
Interpellé par l’activité artistique algérienne, il s’en va chercher son propre style et des valeurs qu’il finira par retrouver, notamment dans les images de “petites gens” ou des peuples opprimés et colonisés (Palestine, Sahara occidental…).
M’hamed Issiakhem va aussi toucher aux caricatures politiques, à la bande dessinée et aux dessins à l’encre de Chine. Il aura à réaliser de nombreuses commandes, à l’exemple des œuvres réalisées dans les années 1980 pour le Musée de l’armée. Il servira en outre des institutions nationales, en concevant l’écusson de la police, l’esquisse de la tenue de la Gendarmerie nationale et les portraits-robots, tout en réalisant pour la Banque centrale tous les billets de banque,  “emblèmes de la nation”, qui seront émis avant l’année 1984. M’hamed Issiakhem a même produit des maquettes de billets de banque pour la Mauritanie.
Le peintre dont le trait est qualifié à la fois d’”incisif, cruel et ironique”, qui a interrogé l’existence de l’homme et son rapport au monde, exercera également d’autres activités secondaires : enseignant à l’École des beaux-arts d’Alger, directeur de l’École des beaux-arts d’Oran, conservateur de musée, caricaturiste, etc.
Issiakhem, la face oubliée de l’artiste,  nous fait découvrir un art qui parvient en fin de compte à nous rapprocher de l’artiste, surtout à dévoiler les autres facettes de son travail. Une manière de nous parler de la vie d’un homme où l’art et le patriotisme se confondront jusqu’à sa mort, le 1er décembre 1985.

 

Rédigé par Hamid

Publié dans #Célébrités d'Azeffoun

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