Azeffoun dans le temps et dans l'éspace

Bref historique de la commune

  • Ville côtière de la Région de Tizi-Ouzou, son histoire remonte à l'ère romaine - appelée Ruzazus du temps des Romains.
    Les ruines romaines de Thaddart uzeffun temoignent de cette civilisation;
    Au début du 18° siècle , l'amiral Gueydon édifiait un port dans la région d'Azeffoun qui portera son nom, jusqu'à la fin du siècle où Mercier édifia la première commune mixte : Port-Gueydon Département d'
    Alger , puis de Tizi-Ouzou, arrondissement d'Azazga après 1958. Parmi les colons qui y vivaient, on comptait 367 familles françaises. En 1880 le village maritime est érigée en commune.

Azeffoun est l'endroit par excellence où l'histoire et la légende se mêlent pour former un écheveau difficile à démêler.

Il  y a sans doute très peu de villages en Algérie qui peuvent se targuer d'avoir une histoire aussi profonde que celle du Vieil-Azeffoun. Une histoire qui se lit comme un livre ouvert à chaque coin de rue ou de jardin, partout où les yeux se posent. Ici, ce sont des ruines romaines qui interpellent le touriste qui s'aventure jusqu'au sommet de la montagne qui abrite l'antique Rusazu, et là, ce sont des vestiges phéniciens gisant à même le sol qui attirent son attention. Dès votre arrivée au village dans ce qui semble être la place centrale, vous tombez nez à nez avec d'imposantes niches voûtées que l'on désigne sous le nom de Leghwirane. Au nombre de trois, elles sont assez grandes pour permettre à un engin agricole de se garer dans l'une d'elles. C'est sans doute le seul tracteur au monde à se payer le luxe de s'abriter dans un garage vieux de près de vingt siècles. Ces cavités sont le socle qui porte la mosquée du village dite El Djamâa lekvir et dont le minaret est une pure petite merveille architecturale. Toute en pierres, c'était, à l'origine, une tour de garde dont les Romains se servaient pour surveiller la mer d'un côté et les montagnes de l'autre. Retapée sous le règne de Septime Sévère (193-211), elle sert aujourd'hui pour l'appel à la prière.
Même si le béton a fait une grande percée comme partout ailleurs, les vieilles maisons d'Azeffoun ont gardé un indéniable cachet d'authenticité. Avec leur petit toit de tuiles noircies par le temps, leurs vieilles pierres mangées par la mousse et le lichen et les branches de vieux figuiers qui sortent de derrière les murs d'enceinte, elles ont un je-ne-sais-quoi de mystérieux et de noble à la fois.
Selon M. Arridj Amar, président de l'association Tiggmi Ouzzefoun et qui s'occupe de la préservation du patrimoine historique, le nom Azeffoun viendrait du berbère uzzaf qui désigne une colline de forme conique isolée. Cette colline, de par sa position stratégique, a d'abord été occupée par les Phéniciens qui y ont établi un comptoir. Les Romains, grands bâtisseurs devant l'Eternel, y ont édifiée une grande citée avec des thermes, des châteaux d'eau, un fortin dont il reste de grands pans de murs, un arc de triomphe que l'on peut encore voir au lieudit Thihouna et bien d'autres choses encore. Ils l'ont appelée Rusazu, ce qui veut dire grand cap.
Il n'y a pas eu de fouilles archéologiques très poussées sur ce site si bien qu'aujourd'hui, il suffit à un paysan de bêcher un coin de son verger pour faire apparaître quelque antiquité. Quel dommage qu'un tel endroit ne fasse pas l'objet d'attention plus soutenue de la part des pouvoirs publics ! Le charme naturel du village allié à son histoire millénaire peut, au-delà de la préservation de la mémoire collective, constituer des atouts de poids pour drainer des cohortes de touristes de toutes nationalités qui feraient vivre la région et revivre le passé.
Du Vieil-Azeffoun, il suffit de dégringoler une petite descente pour se retrouver à Ath Wendellous, pittoresque petit hameau d'une vingtaine de maisons avec une minuscule mosquée en forme de maison de campagne, une fontaine publique construite en 1937 et une source ancestrale abritée sous un toit en tuiles rouges. Qui mieux que le doyen d'Azeffoun pour nous parler du passé ? Le vénérable aïeul, Jeddi Ouchikh comme tout le monde l'appelle ici (décédé en 2006), avait plus de 104 ans et il jouissait toujours de toutes ses facultés mentales. Il nous apprend que l'ancêtre fondateur, notamment celui des marabouts de la région, est Sidi Ahmed Ou-Youcef. Arrivé ici il y a plusieurs siècles, il s'est marié à une fille de la contrée et a eu sept garçons qui ont essaimé et fondé sept villages dont Ighil Mhand, Taguemount, Taâinsarth, Oulkhou ( le village de feu Tahar Djaout), Ath Wendellous, Thifzouine et Agouni Rihane.  Tout ce qu'on sait de lui est qu'il venu de Miliana mais il s'agit vraisemblablement de l'un de ses nombreux Almoravides (Imravdhen) qui sont arrivés en Kabylie en plusieurs vagues lorsque le royaume qu'ils ont fondé est tombé sous les coups de boutoir des Almohades ou plus récemment encore à la chute de l'Andalousie en 1492.
Azeffoun est l'endroit par excellence où l'histoire et la légende se mêlent pour former un écheveau difficile à démêler. Si personne ne peut dire avec certitude si les Ath Wendellous sont les descendants des Andalous chassés d'Espagne par la reconquista, la question se pose également pour un autre charmant petit village sis à Petit Paradis et que l'on appelle Ijjirmlen. La légende dit qu'il y a bien longtemps un bateau germain a fait naufrage au large d'Azzeffoun. Sans possibilité de repartir, les occupants du bateau se sont installés sur la côte et se sont kabylisés petit à petit au cours des siècles. De leurs lointaines origines, il ne reste aujourd'hui que ce nom vaguement germanique, les yeux bleus et le teint blanc de la plupart des habitants du village.
Azeffoun terre d'histoire mais également d'art car la région a été un véritable vivier d'artistes qui ont nourri la culture algérienne. Ils sont trop nombreux pour être évoqués dans ces colonnes mais on peut citer à titre d'exemple El Anka, Iguerbouchen, Issiakhem, les frères Hilmi Saïd et Mohamed ou encore l'inénarrable Rouiched.

Par Djamel Alilat - Liberté 

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