Fellag, ambassadeur d'Algérie à Hollywood
Publié le 29 Janvier 2012
LE FILM MONSIEUR LAZHAR SÉLECTIONNÉ AUX OSCARS
Mais ce n'est pas acquis, le film a un adversaire de taille: le drame de l'Iranien Asghar Farhadi.
Alors qu'on attendait le film produit par Rachid Bouchareb Omar m'a tuer entrer dans la short-list des Oscars 2012, c'est finalement le film Monsieur Lazhar du Canadien Philippe Falardeau, dans le lequel Mohamed Fellag interprète son plus important rôle au cinéma, qui concourt pour le Prix du meilleur film étranger, sous la bannière canadienne.
C'est à Paris que Mohamed Saïd Fellag humoriste, acteur d'une quinzaine de films et écrivain algérien, au discours politique
très populaire dans la communauté maghrébine, a été approché par le jeune réalisateur québécois pour jouer le rôle principal. «C'est une mégastar, dit-il, mais inconnu au Québec. Pendant le
tournage, les chauffeurs de taxi montréalais d'origine maghrébine s'arrêtaient pour l'inviter à prendre le thé chez eux.».
La nouvelle de la nomination du film Monsieur Lazhar, qui met au sommet de la gloire Fellag, sonne comme une reconnaissance
de son talent par le cinéma mondial. Depuis son exil parisien entamé dans les années 90, Fellag n'a cessé de multiplier les prestations et les apparitions. Du Gone du Chaâba de Christophe Ruggia
en 1998, à Inch'Allah dimanche de Yamina Benguigui en 2001 en passant par Michou d'Auber, de Thomas Gilou en 2006, L'Ennemi intime, de Florent Emilio Siri en 2007, Les Barons, de Nabil Ben Yadir
en 2009, Il reste du jambon? d'Anne De Petrini et Dernier étage, gauche gauche, d'Angelo Cianci en 2010. En 2012, il fera même une voix dans le film d'animation Zarafa de Rémi Bezançon et
Jean-Christophe Lie. La nomination de son film aux Oscars est en grande partie pour sa prestation époustouflante. Il y joue le rôle de Bashir Lazhar un immigré algérien, qui venait de débarquer à
Montréal et qui se présente dans une école primaire pour remplacer une enseignante qui venait de se suicider. Mais cette situation cache un autre drame celui de sa femme qui était écrivaine,
morte dans un incendie criminel avec sa fille et son fils. Cette dure épreuve va le pousser à surmonter sa nouvelle mission et ouvre son coeur aux élèves attachants, malgré le fossé culturel qui
apparait dès la première leçon. Alors que la classe est en train de panser ses plaies, personne à l'école n'est au courant du passé douloureux de Bashir qui peut être expulsé du pays à tout
moment vu son statut de réfugié.
En réalité, Philippe Falardeau a adapté une pièce d'Évelyne de la Chenelière qui est une histoire réelle, celle de Bachir
Lazhar. Dans ce film on découvrira à travers Fellag, les sentiments souvent cachés de milliers d'intellectuels, de chercheurs, de diplômés algériens qui ont fui le terrorisme dans les années
1990, pour émigrer au Canada, dans l'espoir de trouver une vie meilleure au pays de l'Erable. Fellag avait cette phrase émouvante dans le film: «Rien n'est jamais vraiment normal en
Algérie.».
C'est en plein Festival de Sundance que Falardeau a appris la nouvelle de sa sélection, en compagnie des producteurs Luc Déry
et Kim McCraw. Falardeau croit que le succès de Monsieur Lazhar, s'explique par la «charge émotive» apportée par les enfants et le «jeu subtil» du personnage-titre joué par Mohamed Fellag. La
presse spécialisée hollywoodienne (Variety, The Hollywood Reporter) a également agi comme une importante caisse de résonnance en y consacrant plusieurs articles.
Après Incendies de Denis Villeneuve, il s'agit de la seconde année consécutive où le Canada voit son représentant retenu
parmi les cinq finalistes. Mais ce n'est pas acquis, le film a un adversaire de taille: le drame de l'Iranien Asghar Farhadi, Une séparation, lauréat du Golden Globe du meilleur film étranger et
de l'Ours d'or au Festival de Berlin. Mais pour Fellag, la consécration est déjà là, c'est d'être aux côtés des géants de Hollywood et d'être sous les feux de la rampe pour la première fois en
dehors des frontières de l'Hexagone.
Source : Adel MEHDI / L'expression
Bande d'Annonce du Film